Voici le récit d'Anny, déléguée du Gers qui faisait le voyage pour la première fois. Emotions garanties !
Nous sommes partis de Mazarin à 8 h, en nous mettant d’accord sur une chose : dès qu’un chauffeur se sent fatigué, il passe le relais. Dans ce climat de confiance, on peut aller jusqu’au bout du monde..!
Bien sûr, je regrettais un peu de ne pas pouvoir faire mon 1° voyage avec mon sergent recruteur Anne-Marie, mais j’étais ravie de pouvoir profiter du professionnalisme de Corinne qui allait nous transmettre une grande partie de son savoir dans les règles de l’art ; très important de prendre les bonnes habitudes dès le début.
Corinne aux commandes, Michel en formation pour pouvoir être autonome lors d’un prochain voyage, et moi en blanc bec qui débute, en voilà une fine équipe…!!
Après un 1° arrêt pour déguster les délicieux sablés préparés avec amour par Anne-Marie et se réveiller complètement grâce au café, nous voilà repartis, prêts à avaler tous ces kilomètres pour la bonne cause. Le camion semblait lui aussi bien réveillé.
Les discussions vont bon train, on apprend à se connaître un peu plus, ça parle cheval, voyages au bout du monde, apiculture… animaux bien sûr..! Quand on dit que les voyages forment la jeunesse…
Tout se passe bien, nous passons la frontière dans les temps, et notre estomac nous indique qu’il est l’heure de faire une pause. C’est là que débute ma fonction de traductrice (il faut bien que je serve à quelque chose.. !). Une bonne tortilla nous met tous d’accord. Dehors, la neige reste encore accrochée sur le bas côté de la route, et je ne peux pas empêcher les 2 turbulents Michel et Corinne de jouer avec. Il va falloir que je les tienne ces deux-là….
Comme nous sommes dans les temps, qu’il fait beau côté espagnol et que c’est mon 1° voyage, Corinne suggère de passer par TERUEL où la route est bien plus jolie. C’est un peu notre récompense pour ce long et éprouvant voyage. Et puis qui a dit que ça ne pouvait pas être un voyage d’agrément en même temps ?
En traversant cette région aux paysages particuliers, je comprends le choix de Corinne qui en profite pour nous raconter des anecdotes de voyages passés, au début de l’association, et des galères vécues ; cela me fait réaliser le nombre impressionnant de chiens sauvés depuis (plus de 2000…!!!!).
Finalement, je ne vois pas le trajet passer, et nous voilà déjà arrivés sur CUENCA…. Mais au fait, comment s’appelle l’hôtel ? Où se trouve-t-il ?
Suite à des changements de dernière minute, nous ne pouvons dormir au gîte ni à l’hôtel proche du refuge. Les filles de CUENCA nous ont réservé un hôtel dans la grande ville…. Et, la fleur au fusil, aucun d’entre nous ne l’avait noté (moi j’avais carrément effacé le mail…!!!). Pas grave, notre assistance téléphonique est là (Anne-Marie).
Alors que nous nous y rendons, nous tombons sur Inès à un feu rouge ; elle a reconnu le camion et nous indique où nous garer… oui parce-que notre bolide ne peut pas passer dans le parking très classe de l’hôtel…. Nous avons d’ailleurs des doutes : « c’est là qu’on va dormir ? …. Mazette…!!! ». En payant la chambre si peu cher nous réalisons combien la crise sévit en Espagne.
Je rencontre donc les filles de CUENCA pour la première fois, et elle m’embrassent comme si on était de vieilles copines. Elles respectent la tradition et nous font la visite de cette ville magnifique dans un site époustouflant. Je reste bouche bée par tant de beauté.
Elles ont choisi un restaurant panoramique pour compléter cette belle soirée. Malgré la fatigue qui commence à s’installer, nous ne voyons pas la soirée passer, à rire et échanger ; je leur montre des photos et vidéos de Bowie que je viens d’adopter (suite à un retour d’adoption) et qui vient du refuge. Elles pleurent de joie et s’émerveillent. J’apprends que Maria travaille dans une ONG qui s’occupe de la réinsertion de drogués. Je fais cette parenthèse car ceux qui se permettent de critiquer les défenseurs des animaux en leur disant qu’ils feraient mieux de s’occuper des humains, ignorent que bien souvent, ces mêmes personnes font les deux…. Alors que ces critiqueurs ne font rien du tout… !
Du coup, personne ne pense à prendre de photos… désolée, mais quand je vis l’instant, je n’y pense pas.
Après une nuit de repos, nous arpentons les rues de la ville à la recherche d’un café ouvert pour notre petit déj…. On est samedi et il est quand même bientôt 10 h…. Aaah ! oui mais, on est en Espagne… !
Nous sommes enfin prêts pour rejoindre le refuge ; je ne tiens plus en place.
Le refuge de CUENCA est dans une zone très isolée (tant mieux, pas de nuisances pour les voisins). Le lieu est magnifique, la terre rouge, la pinède à perte de vue. Je retrouve les lieux où les filles prennent de belles photos qui accompagnent les fiches descriptives des chiens. Nous sommes attendues par des aboiements de bienvenue, et par le sourire des filles rencontrées la veille.
Le déchargement du camion se passe dans une bonne ambiance ; les filles s’émerveillent des dons et les chiens qui vadrouillent dans la cour viennent faire les curieux.
Puis Marie-José nous fait la visite ; nous commençons par l’enclos de Tricia et Apolo, avec qui je ne me doute pas encore que je vais vivre des moments forts (autre retour d’adoption).
Dans chaque enclos où nous entrons, nous sommes reçus par des léchouilles, des pattes sur les épaules. Je vois des chiens heureux, quelques timides, et surtout des bénévoles et employés très impliqués à les câliner, les soigner, jouer avec eux. L’endroit est bien tenu, propre et bien rangé.
Je suis bluffée de voir que, malgré le nombre, les filles connaissent non seulement le nom mais aussi l’histoire de chacun.
J’essaie de prendre le plus de photos possible, pensant aux adoptants qui seraient ravis d’avoir des photos de leurs loulous dans leur vie d’avant.
Il est temps pour nous de manger..! Nous choisissons la station service la plus proche…. Aaaaah ! si les stations service en France servaient de si bons repas, et à ce tarif… !!! Nous profitons du méga buffet en nous restreignant pour ne pas nous endormir au volant après.
Retour au refuge où nous attendent les familles d’accueil et le personnel. Le ballet des contrôles de puces, vérification des documents et pose d’étiquettes sur le collier peut commencer. On peut sentir l’attachement que ces familles ont pour ces chiens jeunes ou vieux dont elles ont eu la lourde tâche de réhabiliter. On ne peut que les remercier chaleureusement et leur promettre de transmettre aux adoptants d’envoyer régulièrement des nouvelles, par respect pour elles. Chers adoptants, si vous trouvez votre chien adorable et parfait aujourd’hui, c’est en partie grâce à ces familles ; ne l’oubliez pas. Elles ont subi ce que vous n’avez pas eu à subir : un chien pas propre, malade, chétif ou trop timide, et elles ont donné de leur personne pour le rendre « adoptable », comme on dit.
Certaines familles d’accueil ne sont pas restées jusqu’au départ du camion, pour ne pas pleurer devant ce chien qu’elles ne reverront plus jamais.
Le chargement continue ; il y a les chiens qu’il faut porter jusqu’au camion, car ils refusent de bouger, ne comprenant pas ce qu’il se passe, et ceux qui montent seuls (TRICIA). Il y a ceux pour qui on a une affection particulière car adoptée par mon compagnon (PAZ). Il y a ceux qu’on a failli oublier, alors qu’ils avaient passé la matinée à monter dans le camion pour y jouer (OREO).
L’émotion monte petit à petit, et nous chargeons notre dernier chien, ou plutôt chiot (YUCA), qui a été élevé au biberon chez une employée du refuge. Je ne sais comment la consoler, sinon lui dire que ce qu’elle fait est très grand et beau.
Il est temps de partir, la gorge serrée, mais tous sûrs de faire ce qu’il faut. Grosses embrassades entre amis (oui, ce sont forcément des amis).
Il est 16 h quand le camion démarre ; les chiens ne bronchent pas. Nous leur promettons de bien conduire pour leur confort. Comme promis, chacun conduit à tour de rôle au gré de sa fatigue. Je me sens en forme, grisée par la mission, alors je conduis un peu plus que les autres. J’ai hâte d’arriver à ZARAGOZA pour découvrir la 2° galga adoptée par mon compagnon (ELSA), et aussi rencontrer l’équipe qui s’est occupée de LUZ, partie trop tôt.
Il fait nuit noire, le chemin est escarpé, mais tout le monde nous attend avec une collation. Les filles regrettent qu’à chaque fois nous ne puissions passer plus de temps avec elles. Elles aimeraient partager plus avec nous, nous raconter leurs galères actuelles pour le futur déménagement de leur refuge.
Ce refuge a été inondé par le passé, et la mairie leur a proposé un autre terrain, mais nu. Toute l’installation est à leur charge, et elles doivent construire aux normes. Elles ignorent comment elles vont pouvoir faire face à plusieurs centaines de milliers d’euros de frais.
Nous ne perdons pas de temps pour le chargement des 6 chiens pendant que les chiens de CUENCA commencent à se réveiller. SAMI est le seul qui nécessite la pose du harnais pour plus de sécurité. Et nous voilà déjà partis…
Les kilomètres s’enchaînent, guidés par Ginette (notre GPS). Nous instaurons une organisation quasi militaire de conduite : celui qui a conduit devient le copilote, pendant que l’ex-copilote dort…. Réglé comme du papier à musique..!
Un seul arrêt à Mont de Marsan pour y déposer SAMI sur le parking du Leclerc, où le vigile viendra jeter un œil curieux.
Je me sens en forme, alors je conduis, et puis ça sent l’écurie…! Et puis j’ai hâte de libérer ces pauvres chiens qui sont dans la cage depuis 15 h la veille…. Nous voilà enfin à MAZARIN embrumé, indiqué par le beau panneau Galgos France… il est 7 h 30…
Quoi ? Pas de comité d’accueil ? Pas de banderole ? Pas de pompom girls ? Pas de corne de brume annonçant notre arrivée ? Et non, rien de tout ça, juste les fidèles qui sont là, les membres du bureau, les 1° adoptants qui n’ont pas fermé l’œil, trop excités… Ils ont déjà fait le café… Avant de nous précipiter à ouvrir le camion, d’où ne sort aucun jappement, Corinne rappelle les dernières recommandations aux adoptants pour la prise en main et le voyage jusqu’à chez eux (parfois très loin). L’exaltation de la rencontre avec leur chien ne doit pas leur faire oublier les règles de sécurité de transport de leur petit protégé qui devra se remettre de ses émotions et s’adapter à sa nouvelle vie….
Mission accomplie…. Je repars chez moi, le cœur gonflé ; on en a sauvé 19 de plus….
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